HypnoFanfics

Je suis dans le bus qui me mène à Purgatory, ma tête rebondit sur la vitre à chaque fois que les roues de ce vieux tacot tombent dans un trou. Pour la première fois depuis le début de mon existence, c'est-à-dire il y a 15 ans, je me rends dans cette ville dont j'entends beaucoup parler sans avoir le droit de m'y rendre. Mes parents me l'ont interdit, depuis toujours. Je sais pourquoi ils ne veulent pas que je vienne, c'est pour me garder en sécurité. Je le sais et je le comprends mais je ne peux nier le fait que je leur en ai voulu pendant longtemps. Peut-être même que je leur en veux encore. Mes parents, qui n'ont pas vu la moitié de mes premières fois et qui ne sont pas vraiment présents dans ma vie. Beaucoup de fois je me suis demandé s'ils m'aimaient, s'ils pensaient à moi pendant qu'ils étaient dans cette ville inaccessible, si je leur manquais autant qu'ils me manquent. 

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Maman et je sais que les anniversaires, c'est un peu spécial chez les Earp. Tu passes 27 ans et d'un coup, tu te retrouves héritière d'une horrible malédiction, ce n'est pas la vie rêvée. Cette année, j'ai voulu lui faire une petite surprise, j'espère qu'elle ne sera pas trop en colère. J'ai imaginé mille et une fois nos retrouvailles et je dois avouer qu'à chaque fois, ça ne finit pas très bien pour moi. On ne s'est pas vu depuis plus d'un an mais dans mes pensées, ça ne suffit pas. A chaque fois, Maman me crie dessus, Maman crie sur Gus pour m'avoir laissée partir. La pauvre, elle ne sait même pas que je vais à Purgatory. Souvent, Papa est muet, ce n'est pas lui qui va crier, il ne crie jamais. Enfin, je ne l'ai jamais vu crier les fois où on s'est vu.

Le bus s'arrête et me sort de mes pensées, je tape rapidement un message à mon taxi j'ai nommé, Waverly Earp, ma tata favorite. Je prends mon temps pour descendre, retardant inconsciemment le moment où j'arriverais à l'Homestead. Waverly est adossée à son pick-up les traits tirés, on dirait qu'elle n'a pas dormi depuis des années. Un grand sourire étire ses lèvres lorsqu'elle me voit arriver, c'est dingue on dirait qu'elle a toujours la joie de vivre.

- Hey Al' ! Alors ce trajet ? me demande Waverly en me prenant dans ses bras.

- Il ne m'a jamais paru aussi long !

Waverly rigole et me prend mes affaires pour les mettre dans la voiture. Elle a toujours été ma confidente, je me sens proche de Waverly et je sais que ce qui se dit entre nous, reste entre nous. J'ai vraiment confiance en elle et je sais que je peux compter sur elle. Malgré tout ce qui a pu lui arriver au fil du temps, elle a toujours été présente pour moi. Pas présente physiquement bien sûr, mais elle n'était qu'à un coup de téléphone, qu'à un message. Et pour une ado pas toujours bien dans ses baskets, savoir qu'elle n'est jamais loin m'a énormément aidé.

- Ils vont être contents de te voir, fit-elle pour briser le silence qui s'est installé.

- S'ils ne me tuent pas avant, je grommèle.

- S'ils te tuent, je les tue, affirme ma tante le plus sérieusement du monde, ce qui me fait rire.

- Tout le monde va bien ? je demande pour changer de sujet.

On est presque arrivé à destination, je reconnais l'Homestead que j'ai souvent vu sur des photos que Gus me montrait ou que mes parents m'apportaient.

- Vois par toi-même, fit-elle.

Je tourne la tête en direction de son regard et je vois deux petites têtes jouer dans la neige, se lançant des missiles blancs en rigolant. Je ne les ai jamais vu et pourtant, je sais qu'il s'agit des jumeaux de Nicole et Waverly, le fruit de leur amour. Leur complicité me touche et me fait sourire. Ils ont l'air tellement heureux. A une époque, ça aurait pu être moi qui jouait dans la neige de la grande propriété un jour d'hiver, ça aurait pu. J'essaie de m'empêcher de penser négatif mais c'est plus fort que moi. Est-ce que je suis jalouse des garçons parce qu'ils peuvent grandir avec leurs parents ? Je crois que oui et je me déteste pour ça. Ils n'ont rien demandé et je devrais plutôt être heureuse pour eux, ils grandissent entourés d'une famille qui les aime plus que tout au monde.

Je finis par descendre de la voiture quand Waverly m'interpelle et je vois les jumeaux courir vers leur mère pour lui faire un câlin. Ils s'arrêtent net quand ils m'aperçoivent, les pauvres petits bouts, ils doivent se demander qui est cette inconnue que leur maman ramène. Waverly les rassure tout de suite.

- Julian, Mateo je vous présente Alice, votre cousine et la fille de Wynonna et Doc.

- Oh c'est toi Alice ! dit l'un d'eux avec une moue qui me fait craquer. Viens, on va te montrer la maison, avec Julian on la connaît par cœur!

Moi qui pensais faire une entrée discrète, c'était sans compter sur ces deux monstres qui courent en direction de la maison tout en criant mon nom.

- Maman maman y a cousine Alice qui est là!

J'estime à environ 30 secondes le temps que ma mère va mettre pour sortir, et donc me remonter les bretelles. 20... 10... Et voilà, elle est sur le porche, ça promet. Nos regards se croisent et le première chose que je vois dans ses yeux, c'est de la fierté. Mon cœur en loupe un battement. Ma mère qui me regarde avec cette lueur si fière, ça vaut tout l'or du monde. La deuxième chose que je vois, c'est le regard noir qu'elle lance à sa sœur, elle a bien compris qu'elle y était pour quelque chose. Maman descend les quelques marches et s'approche de moi, me regardant de haut en bas comme pour vérifier que je suis bien réelle et que je vais bien.

- Quelle surprise, souffle-t-elle à quelques centimètres de moi. 

J'attends mais rien ne vient, elle ne semble finalement pas en colère. Je crois que l'âge l'a ramollie parce qu'à une époque, elle était beaucoup plus tête brûlée que ça. Mais là, elle n'est pas en colère du tout, je la vois même m'ouvrir les bras, m'incitant à venir l'enlacer. Je m'empresse de me réfugier dans ces bras qui m'ont toujours apaisé. C'est un des meilleurs sentiments que j'ai pu ressentir, son étreinte est forte et douce à la fois et son baiser dans mes cheveux fait s'envoler tous les doutes que j'ai pu avoir.

- Je suis contente que tu sois là, fit-elle contre moi.

Je me retiens de toutes mes forces pour empêcher mes larmes de couler. Aucun de mes scénarii ne m'avait préparé à une telle scène. Au loin j'aperçois mon père qui nous regarde, très ému de nous voir dans les bras l'une de l'autre. Il s'approche de nous avant de nous enlacer toutes les deux. Câlin de groupe de la part d'un homme comme lui, qui l'eut cru. Malgré tous les doutes que j'ai pu avoir, je crois que j'ai bien fait de venir.

- Joyeux anniversaire 'man, je souffle contre mes deux parents.

FIN

Emilie1905  (07.02.2021 à 19:33)